[Retour sur] La réunion Legal Design x Open Badges du 20 mars 2019 À l’occasion de la nuit du badge

La séance a débuté avec la présentation par Sumi Saint Auguste du déroulement de la soirée et de notre atelier.

L’atelier a réuni deux programmes d’Open Law afin de réaliser un “crossover” entre les porteurs du programme Legal Design et ceux d’Open Law Badges. Nous nous sommes lancés dans un processus créatif avec une séance de design fiction : en effet, en recourant à la spéculation voire à la fiction, il a été possible de “questionner l’usage” futur des open badges, en vue de mieux les concevoir aujourd’hui. Une surprise a été prévue également à la fin de l’atelier : à 21h nous avions rendez-vous en ligne et en direct pour la nuit de l’Open Badges avec l’association « Reconnaître » et Le Dôme.

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L’incitation à la spéculation ou à la divagation comprend une dimension ludique qui permet d’engager les participants : on imagine, et l’on se projette de façon à “vivre avec et de composer avec“ les Open Badges qu’on aurait intégrés à un quotidien futur. Pour faciliter la mise en situation, des indications sommaires de jeu ont été livrées ainsi que des “personas” pour incarner des rôles et  construire le récit réalisés en partenariat avec l’association Assas future of Law.

Bertrand Cassar, porteur du projet Open law badges a présenté brièvement ce qu’est un open badge et rappelle les ambitions d’Open Law pour le programme pour l’année 2019. Vous pouvez retrouver la notice proposée sous forme de FAQ distribuée lors de la séance en cliquant sur ce lien. Nous faisons également une rapide démo de l’utilisation des badges et de leur présence sur des pages comme LinkedIn par exemple.

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L’atelier de ce soir prend place dans deux espaces pour deux groupes de joueurs : un espace utopie (ou bright mirror) et un espace dystopie (ou black mirror). L’idée est de dérouler l’exercice en deux temps pour chaque espace

  • temps 1 : nous sommes en 2020, les open badges se déploient,
  • temps 2, nous sommes en 2025, l’utilisation des badges est intégrée au quotidien des individus.

Les personas ou rôles sont
le badgé = la personne qui reçoit et porte le badge
Les pairs = amis, collègues et autres badgés
Le recruteur = RH – entreprise
Le badgeur = La personne qui délivre le badge

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Dans la salle dédiée à l’utopie des open badges, les personas ont permis de faire débuter les échanges sur le temps 1 ( soit en 2020), autour des différents types de badges potentiels pouvant intéresser les différentes parties prenantes selon les rôles qu’elles avaient choisis. La map ci-dessous permet de retracer ces échanges.

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Dans la salle dédiée à la dystopie, en 2020, les échanges ont fait émerger de nombreuses questions relatives à l’utilisation des badges, toujours en partant des différents rôles et personas attribués :

Si l’association qui délivre les badges est reconnue dans le milieu ou non, cela change-t-il la perception du badge ?
Les directions des ressources humaines ont-elles déjà fait part de leur utilisation des OB et leur présence sur le CV des candidats a-t-elle été prise en compte ?
Est-ce que les recruteurs ont recours à cela ?
Comment savoir s’il y a une consultation effective des badges par les recruteurs ?
Que se passe-t-il si d’autres associations délivrent la même chose ?
Si je suis “pair”, dans la même situation que le “badgé”, je suis étudiant, je ne comprends pas qu’une association puisse avoir une autorité pour attester des compétences. Je préfère faire confiance aux institutions qui peuvent également délivrer des badges.  

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De plus, la séance “dystopie” a permis de soulever plusieurs problèmes :

  • Celui de la traçabilité et de la quantité des badges dont pourrait disposer une personne; ce qui pose la question de la confiance accordée par un recruteur à ce dispositif numérique
  • Celui de la reconnaissance des badges selon les autorités délivrant des badges et de l’objectivité de ces badges
  • Celui de l’instrumentalisation des badges à des fins de marketing et d’influence
  • Celui de la délivrance des badges ( qui demande le badge, qui l’accorde ?)
  • Celui de la transparence des critères de délivrance des badges
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Dans le second temps, en 2025, dans la salle Utopie, les discussions des participants se sont principalement tournées autour du rôle des pairs et de la gouvernance des open badges.

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Dans une vision utopiste des open badges, les pairs seraient à même de se délivrer entre eux les badges et de s’apporter une reconnaissance mutuelle. Cette vision a été propice à débat, et a soulevé les questions suivantes :

  • Faut-il penser un système autogéré entre pairs ou faut-il conserver des autorités reconnues délivrant des open badges ? Comment assurer la fiabilité d’un badge ?
  • Comment faire en sorte que le badge ne devienne pas un gadget ?
  • Quelle valeur accorder aux badges dans un système où chacun peut en délivrer ?
  • Quelle gouvernance, quel système imaginer pour une organisation fiable et viable des open badges ?

Pour pallier ces questions plusieurs réponses ont été trouvées :

  • Avoir un feedback ( un historique) sur ce que recouvre précisément le badge et sur celui qui l’a délivré à la personne titulaire du badge
  • Implémenter un système de notation avec les badges
  • Penser une intelligence dans l’organisation pour fixer des critères de badge
  • Faire un distingo dans l’attribution des badges selon les compétences techniques et les soft skills
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Le temps 2 consacré à la dystopie a fait émerger plusieurs scénarios imaginés par les participants selon les différents rôles :

  • L’entreprise Legaltoons veut embaucher dans son entreprise uniquement des employés qui ont des badges délivrés par un organisme spécifique et ne veut pas de “badgés” qui ont des badges provenant d’une entreprise inconnue. Les entreprises ne veulent plus délivrer de badges à leurs employés car ils ont trop de badges et  risquent d’être débauchés dans d’autres entreprises car on sait qu’ils sont très compétents.
  • Le badgeur, l’association Open Law, 5 ans après, dont le rôle a changé et qui était auparavant seule à émettre des badges, maintenant veut pouvoir confier la délivrance des badges aux pairs. Mais comment s’assurer que les pairs vont être fiables ?
  • Le “badgé” a fait son sac de badges. Il veut aller travailler chez Legaltoon. A force, il ne veut plus du tout utiliser le système de badges à cause du manque de reconnaissance des badgeurs dans la société car il sont désormais trop nombreux.
  • Les pairs vont peut-être susciter eux-mêmes de la connivence : si une personne a délivré un badge, alors en contrepartie, une autre lui en délivrera un à son tour même si elle est en dessous des compétences requises. Il y a alors trop de badges “mal attribués”.
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A la fin  de cet exercice en utopie/dystopie un retour a été fait en direct pour la nuit de l’Open Badges avec l’association « Reconnaître » et le Dôme (Caen). Vous pouvez retrouver notre intervention en suivant ce lien sur youtube (à partir de 4h10)

Encore merci à tous et un grand bravo aux participants !

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Une analyse de ces fragments d’histoires utopiques ou dystopiques sera menée début avril afin d’alimenter la réflexion et la conception fonctionnelle des open badges. En effet, au travers des scénarios, des pistes se dessinent pour parer les dérives ou les usages s’éloignant de l’intention de départ des open badges et des principes de pair à pair, de transparence, de traçabilité, de portabilité.

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